Les termes woke et wokisme renvoient aujourd’hui à une nouvelle manière de concevoir la conflictualité sociale autour de la question identitaire. Ils polarisent et divisent les sociétés à l’ère d’une planétarité sans cesse renouvelée et critiquée.
Héritage des luttes anti-esclavagistes et du mouvement pour les droits civiques aux États-Unis, le mot woke a été réactualisé par le mouvement Black Lives Matter au milieu des années 2010. Stimulant le rapprochement entre la pensée décoloniale et les luttes intersectionnelles, le wokisme semble en voie de permettre aux minorités de s’unir autour d’une expérience partagée de discriminations perçues désormais comme systémiques. Ce mouvement et ses méthodes ont cependant provoqué une virulente réaction conservatrice dénonçant l’atteinte à la liberté d’expression et la menace que la reconnaissance de la diversité ferait peser sur des valeurs jugées universelles. Cette réaction a largement investi l’espace médiatique afin d’invalider la posture émancipatrice initiale du wokisme.
Plutôt que de céder à cette contre-offensive, nous souhaitons avec ce numéro partager des prises de parole qui insistent sur la dimension émancipatrice de ces concepts, sur leur valeur analytique pour éclairer les conflictualités sociales actuelles, tout en rappelant le débat sur les méthodes et les moyens employés. Des réflexions pour nous permettre collectivement de voir la lumière au bout du tunnel.
La revue Possibles et l’ODPC vous convient à une table ronde ce mardi 21 février pour un débat sur la dimension émancipatrice des termes woke et wokisme.